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À cœur de rue : le parcours inspirant de Claudia Gobeil

Claudia Gobeil étudiante victimologie dépendances

Dans le but de faire rayonner les productions journalistiques de ses étudiantes et étudiants, la Faculté de l’éducation permanente (FEP) a mandaté l’un d’entre eux, Alexis Lapointe, pour rédiger le portrait de Claudia Gobeil, diplômée du Certificat en toxicomanies : prévention et réadaptation, aujourd’hui Certificat d’intervention en dépendance. Il nous livre le portrait d’une étudiante passionnée et qui fait de son histoire personnelle la pierre angulaire d’un parcours exceptionnel.

L’horizon auquel elle donne vie en intervention sociale constitue une révolution pour Claudia Gobeil, qui a entrepris des études universitaires à l’automne en 2017 par le biais du programme de mise à niveau pour entrer à l’université Accès-FEP. Aujourd’hui finissante au Certificat en victimologie - également offert par la Faculté de l’éducation permanente (FEP), Claudia poursuit son parcours avec succès à l’Université de Montréal.

« Aujourd’hui, ma drogue de choix, c’est l’école, c’est l’université », affirme Claudia Gobeil. « Autant l’alcool ou la cocaïne ont été de grands amours dans ma vie, autant à présent plus j’apprends et plus je suis heureuse. »

Maintenant détentrice d’un Certificat en toxicomanies : prévention et réadaptation - mis à jour et rebaptisé Certificat d’intervention en dépendances, Claudia s’oriente vers un baccalauréat par cumul de certificats.

Son objectif professionnel? Le travail auprès de personnes vulnérables, qui vivent une situation de toxicomanie ou encore d’itinérance. Pour la future intervenante, il s’agit de s’outiller des compétences nécessaires pour mettre ses qualités humaines et son histoire personnelle au service de celles et ceux qui se trouvent dans le besoin.  

« C’est ce milieu-là qui m’intéresse, raconte-t-elle à cœur ouvert. Je suis partie de chez moi à l’adolescence pour aller vivre dans la rue à Montréal puis à Vancouver, où la majorité de mes amis sont devenus dépendants à l’héroïne. »

Une expérience qu’elle ose désormais partager et qui devient pour elle une force. « Dans la rue, j’ai appris l’entraide et la solidarité, raconte-t-elle. J’ai toujours été celle qui tend la main aux autres et je vois que cette orientation me permet de donner tout leur sens à mes valeurs. »

Approches éprouvées

Une fois de retour de Vancouver, Claudia s’inscrit au cégep en graphisme. « J’arrivais de la rue, raconte-t-elle. J’étais avec des gens qui habitaient chez leurs parents et qui me parlaient de leurs chats. »

Ambitieuse, elle se tourne rapidement vers le marché du travail et elle obtient un emploi d’analyste dans le domaine bancaire. Durant une dizaine d’années, elle multiplie les réussites professionnelles. Une carrière qui présente toutes les apparences du parfait bonheur. « C’est un univers de performance, indique-t-elle. Je savais que j’allais tôt ou tard être amenée à me questionner. »

Son parcours universitaire lui permet maintenant de renouer avec l’altruisme. D’ailleurs, elle se sent particulièrement interpellée en matière d’intervention par les approches privilégiant la réduction des méfaits. « Il s’agit d’aider les gens de manière pragmatique et humaniste, dit-elle. On travaille en fonction du moment présent et non d’une exigence d’abstinence. »

Une exigence qu’elle s’inquiète de voir encore aujourd’hui maintenue comme un critère d’accès aux soins dans de nombreux milieux d’intervention.  « La toxicomanie constitue un problème de santé et on gagne à l’approcher de cette manière plutôt qu’à la réprimer, croit-elle. Il est plus que temps d’en finir avec la prohibition. »

Claudia se réjouit de la mise en place de centres d’injection supervisés au Québec. Elle considère aussi comme un modèle la décriminalisation de toutes les drogues au Portugal [1], avec ses succès éprouvés. « Il y a en ce moment une crise majeure d’opioïdes à Montréal et dans l’ensemble du Canada, soulève-t-elle alors que la pandémie constitue un facteur aggravant. On doit aller vers des approches innovatrices. »

Passeport objectif

Pour Claudia, les études universitaires représentent un passeport pour l’accomplissement de ses rêves. « L’école a toujours été facile pour moi et mon défi, c’était de me conformer, confie-t-elle. J’ai vécu différentes expériences et je suis une fonceuse, il n’est pas question de m’imposer de limites pour atteindre mon objectif. »

D’où sa décision d’entreprendre des études universitaires en intégrant en 2017 le programme Accès-FEP, qui constitue une alternative aux études collégiales afin d’accéder à un parcours d’études à l’Université de Montréal. « J’ai eu la chance à ma première session de suivre un cours avec l’anthropologue Paul Cliche, qui a fait le tour du monde et qui sait vraiment donner le goût d’apprendre, dit-elle. Je me suis reconnectée avec le savoir. »

Ce qui la conduit à s’investir corps et âme dans l’acquisition d’outils d’intervention, qu’elle estime être d’une valeur particulièrement précieuse en relation d’aide. « Il reste que le métier que je veux faire demande beaucoup de force morale et qu’il y a des choses qui vont bien au-delà des livres, affirme-t-elle. Par exemple, il est difficile de comprendre ce que représente un bas-fond sans en avoir fait l’expérience. »

Alors qu’elle termine actuellement un Certificat en victimologie, Claudia évalue avec attention les perspectives offertes par le Baccalauréat par cumul avec appellation en études du phénomène criminel. Comment imaginer plus formidable profil d’intervenante?

 « L’université, c’est plus qu’un papier, dit-elle. C’est une liberté »

Pour en savoir plus sur les programmes en intervention de la FEP

Alexis Lapointe est diplômé du Certificat en journalisme et du Certificat en rédaction professionnelle de la Faculté de l’éducation permanente. Il détient un Baccalauréat ès arts de l’Université de Montréal.

[1] La décriminalisation en 2001 de toutes les drogues par le gouvernement portugais s’est traduite par des résultats probants. Source : ici.radio-canada.ca/nouvelle/1095704/decriminalisation-des-drogues-5-questions-pour-comprendre-le-modele-portugais